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En voie de disparition - Déclaration de l'artiste

Vivre dans un monde où le terme « en danger » est malheureusement devenu trop familier. Notre habitat est en danger, les océans sont menacés et de nombreuses espèces sont menacées d'extinction. Nous aussi, en tant qu'espèce, sommes devenus « en danger », non pas en nombre, mais dans notre essence. Je pense que la plus grande menace pour l’humanité est la perte de la culture, des traditions et de notre lien avec la terre. Quelque chose qui est encore très présent dans les autres cultures autochtones du monde.
C'est peut-être cette « perte » de connexion qui a créé le monde « en danger » dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Avec cette exposition, je me concentre sur la culture, les gens et un mode de vie tahitiens qui ont longtemps été menacés.

La pièce intitulée 'HA'AMANA'ORA'A I TE MAU TUPUNA' (En mémoire des ancêtres) se veut un hommage aux ancêtres. L’arrière-plan est un assemblage de photographies postcoloniales vintage d’ancêtres tahitiens. C’est avec beaucoup de respect que j’utilise cette imagerie vintage de la Tahitienne Vahine Tupuna. Ils représentent une innocence exploitée et, chez beaucoup, un sentiment de vulnérabilité et de honte... la confusion du régime colonial.
Le portrait que j'ai peint sur ce fond est celui de Vahine contemporaine, fière et forte. Sa translucidité et son ton sépia symbolisent le lien avec son Tupuna. Un souvenir et un hommage à son ascendance, à sa culture et au Fenua... ces images d'arrière-plan ont été capturées à l'orée de l'influence et de l'exploitation coloniales, une marque dans le temps qui a changé leur monde à jamais.

Dans les autres tableaux, j'ai utilisé des tissus tahitiens comme fond. Dans beaucoup d’entre elles, j’ai configuré mes modèles pour imiter les poses de ces images postcoloniales. L'un d'eux en particulier, "Birds of Paradise", montre un modèle imitant la pose d'un ancêtre. Une image que j’ai ressentie comme la plus troublante que j’ai rencontrée. Elle est complètement nue, à l'exception du « pareu » qu'elle tient entre ses jambes. Son visage est caché, honteux, dans ses mains... une image si poignante et douloureuse. Sur la photo, elle est seule, vulnérable. Dans mon tableau, je l'ai placée à côté d'une Vahine d'aujourd'hui qui se tient en sororité aux côtés de son ancêtre. Elle se tient dans une simple confiance, regardant directement le spectateur comme pour confronter le voyeur postcolonial qui regardait autrefois sa sœur du passé. Un pouvoir que cette jeune femme vulnérable avait peut-être le sentiment de ne plus posséder. Cette peinture est une réponse à ces images postcoloniales et vise en quelque sorte à redonner leur pouvoir aux « Vahine Tupuna ».

'Ha'amana'ora'a i te mau Tupuna'
(En mémoire des ancêtres)